En lisant le journal du Châtillonnais et de l'Auxois du 20 décembre 1922 en ligne sur la BnF, je suis tombé sur un article qui nous apprend que la rivière Dine et devenue la Dijeanne, mot dont l'étymologie ne veut rien dire, alors que la Dine est une appelation Gauloise qui signifie une Déesse !!
Je vous laisse découvrir cette rivière pleine de charme qui passe à Saint-Broing-les-Moines


Registres des déclarations des biens et dettes des communautés C2888 Bailliage de Châtillon-sur-Seine ou de la Montagne 1666-1669 vue 198/315 paroisse de Montmoyen:

.... Il y a une petite rivière copieuse en truites nommée Dine qui ne peut être navigable sur laquelle il y a un petit pont de pierre de trois arcades. Il n'y a point de passage ...
Sur la carte de 1709 de monsieur Desl’Ile de l’académie royale des sciences, au quai de l’Horloge au privilège, re-éditée par Ph. Buache son gendre, le 30 avril 1745, la rivière Dinne prend sa source à Minot pour rejoindre l’Ource à Voulaines.
Sur la carte de Cassini n° 83 de Semur-en-Auxois, on retrouve la rivière Dinne au niveau de Minot et St-Broing-les-Moines.
Sur la carte de Cassini n° 82 de Tonnerre, un peu avant Voulaines la rivière devient la Digenne.
En 1781 tome 6 de M. Courtépée : page 584 à Minot : la Dine prend sa source au sud-ouest, fit aller un moulin : autre sur le ruisseau Dolent
et page : page 587 de Montmoyen ; Forge à 2 fourneaux construite en 1770 sur le ruisseau de Villarnon, qui prend sa source à nune métairie de ce nom, paroisse de St-Beroin, forme dans le jardin du château un beau canal de 550 pieds de long, sur 80 de large, & s'unit au dessus du moulin à la Dine qui coule au pied du rempart du château.
Cela dit, voici ce que mon ami Maurice Montsaingeon a eu la gentillesse de m’écrire:
Votre auteur anonyme devait être un homme très cultivé. Il pourrait faire beaucoup pour la promotion du Châtillonnais s'il vivait encore avec autant d'enthousiasme. Je pense que son argumentation est un peu catégorique, mais pas fausse.
Pour moi le plus intéressant est la variété d'appellations qu'a cette rivière sur les anciens plans cadastraux :
_ à Minot, c'est le ru du moulin du mont ;
_ à St Broing, la rivière d'hyenne ;
_ à Terrefondrée, la Dijeanne ;
_ à Montmoyen, la Dive ;
_ à Essarois, l'Yenne ;
_ à Leuglay, la Dienne ou Dijenne ;
_ à Voulaines, l'hienne.
Arriver à une telle variété sur un cours aussi réduit est une sorte de record, mais elle ne fait que refléter des millénaires d'évolutions phonétiques locales. Quand un scribe note "Dina" au 13e siècle, il ne note qu'une des formes employées sur place et les transformations phonétiques majeures étant terminées à ce moment-là, les habitants ont continué à se transmettre oralement les autres formes ancrées sur place sans les confronter à celle du voisin et uniformiser le vocabulaire.
Il est probable qu'au départ il y a eu une forme comme "divonna" (tirée de "diwo" gaulois ou de "divus" latin) et qu'au fil du temps et du cours de l'eau la cascade de noms a continué à accompagner la descente vers l'Ource, jusqu'à ce que chaque village restitue à l'enquêteur du cadastre, vers 1840, sa version locale héritée de la nuit des temps.
En regardant ailleurs on trouve d'autres exemples. Le Serein est "sidena" dans les chartes anciennes ; pour les habitants de Beurey, à sa source, c'était la Seine en patois local. Sur le cadastre ancien de Lusigny, la source de l'Ouche est au vallon d'Ocre et l'ancien nom de la rivière est "oscara".
Pour le divin, je pense que ce n'est pas forcément la rivière en soi qui était désignée ainsi. Je vois plutôt un temple quelque part sur son parcours, mais c'est une réflexion personnelle. Une des sources à Minot est la chaudière d'enfer ; ça doit nous parler plus du bruit d'une résurgence que de la présence de Belzebuth, mais il faut aller voir sur place. J'y suis passé il y a longtemps ; rien vu, rien entendu ; c'était un été de canicule. Le diable devait faire la sieste. Et la source était presque tarie.
Bonne semaine à vous.
Maurice